L’agir en condition hyperconnectée

L’illumination du pont Jacques-Cartier et la réification des données massives

L’illumination du pont Jacques-Cartier et la réification des données massives

Josianne Poirier

Josianne Poirier, « L’illumination du pont Jacques-Cartier et la réification des données massives », L’agir en condition hyperconnectée : art et images à l’œuvre (édition augmentée), Presses de l’Université de Montréal, Montréal, isbn:978-2-7606-4297-3, https://www.parcoursnumeriques-pum.ca/11-agir/chapitre1.html.
version 01, 22/09/2020
Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International (CC BY-SA 4.0)

L’espace urbain hyperconnecté est le point de départ de notre enquête avec une étude de cas de l’illumination spectaculaire du pont Jacques-Cartier. Structure d’acier montréalaise emblématique, érigée dans les années 1920, des chorégraphies lumineuses transfigurent son apparence nocturne depuis 2017. Ces mouvements sont le fruit d’algorithmes d’apprentissage automatique qui traitent les données de la « ville intelligente et numérique ». Elles participent ainsi, en lui conférant une grande visibilité et un caractère enchanteur, à légitimer une approche de la gouvernance urbaine qui vise à résoudre des enjeux de natures diverses par la technique. Après avoir présenté le fonctionnement du « premier pont connecté au monde », ce chapitre offre un aperçu des critiques faites au concept de ville intelligente et à l’apport des données massives à la vie démocratique. Ce faisant, il vise à montrer comment l’illumination du pont Jacques-Cartier soutient une forme de réification des données massives qui agit sur notre conception de l’espace public connecté.

En 2017, les célébrations entourant le 375e anniversaire de Montréal ont laissé de nombreuses traces dans le paysage urbain nocturne, dont l’illumination du pont Jacques-Cartier n’est pas des moindres. En effet, l’imposante structure d’acier a été dotée d’un éclairage « intelligent » qui générera des tableaux animés différents tous les soirs et pour les dix années suivantes grâce aux données massives (big data). Baptisée Connexions vivantesVoir la présentation du projet Connexions vivantes sur le site de Moment Factory.

, l’intervention est destinée à devenir une icône de la métropole québécoise, tel que le défend un groupe d’acteur.rice.s économiques influent.e.s dans une lettre collective (2017) publiée à la fois dans les quotidiens Le Devoir et The Gazette le jour de l’inauguration : « Le pont Jacques-Cartier est devenu notre tour Eiffel, notre London Eye, notre pont de Sydney ! » La création résulte d’une collaboration entre six firmes locales (Ambiance Design Productions, Atomic3, Éclairage public/Ombrages, Lucion Média, Réalisations, UDO Design) chapeautées par Moment FactoryConsulter le site du studio de divertissement multimédia Moment Factory.

, alors que la gestion de l’opération a été prise en charge par la société des Ponts Jacques Cartier et Champlain IncorporéeEn savoir plus sur la société des Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée.

.

Dans ce chapitre, je souhaite interroger l’intrication des dimensions esthétique, technique et politique de Connexions vivantes en la situant dans le contexte plus large du projet de « ville intelligente et numérique » en cours de réalisation à Montréal depuis 2014« Montréal, ville intelligente et numérique. Stratégie montréalaise 2014-2017 », Ville de Montréal (2014).

. Plus précisément, je propose de considérer qu’une forme de réification des données massives s’exprime au sein des discours et des pratiques associés au concept de ville intelligente, que la mise en lumière du pont Jacques-Cartier participe à légitimer en lui conférant une visibilité spectaculaire. Afin d’étayer cette hypothèse, je présenterai d’abord le fonctionnement du « premier pont connecté au monde » (Pont Jacques Cartier et Champlain Incorporée 2017), puis j’offrirai un aperçu des critiques faites au concept de ville intelligente de manière à clarifier les particularités de son application à Montréal. Cela me conduira à aborder la contribution mitigée des données massives à la gouvernance urbaine qui, sous couvert de favoriser la transparence et l’efficacité des institutions, peut aussi être interprétée comme un facteur de dépréciation de la politique.

Un dispositif autonome

Le chatoiement de Connexions vivantes embrase quotidiennement la surface du fleuve Saint-Laurent dès le crépuscule. L’apparence féerique que prend alors l’ouvrage d’ingénierie est obtenue par une composition qui se divise en quatre zones d’intervention distinctes : entre l’éclairage statique et blanc des énormes piliers de béton et l’accent mis sur les tourelles qui coiffent la structure, le « cœur » et la « peau » du pont accueillent les principales animations lumineuses. Le rythme de ces dernières varie principalement selon deux états, le mode ambiant, qui est le plus calme, et le « spectacle de l’heure ».

Pour les périodes où le dispositif est en mode ambiant, une couleur dominante est attribuée à l’ensemble à partir de l’intérieur de la structure, depuis son « cœur ». Les croisillons d’acier qui surplombent les voies de circulation automobile sont ainsi mis en valeur par une teinte qui change selon le moment de l’année et diffère légèrement tous les jours, de telle sorte qu’ils sont plutôt baignés de bleu au mois de mars, de jaune en juillet et de rouge en octobre. Sur les deux parois extérieures du pont, que les concepteurs appellent la « peau », des réglettes luminescentes doublent d’un trait étincelant chaque élément de la charpente. Celles-ci créent une sorte de réseau linéaire où s’affichent les interactions du public avec le pont : par la publication sur la plateforme Twitter d’un message accompagné de différents mots-clics (hashtags) comme #illuminationMTL, #375MTL ou simplement #Montréal, les badauds peuvent y faire apparaître en direct un signal lumineux représentant leur message. Ce signal naît d’abord au niveau des tourelles, au point le plus haut du pont, puis glisse le long de la structure pour une durée déterminée par la popularité en ligne de la publication. Cependant, comme tous les tweets qui utilisent le mot-clic #Montréal sont traités par le dispositif, peu importe d’où ils sont émis dans le monde, une multitude de points lumineux peut s’afficher simultanément, ce qui rend parfois difficile le repérage d’une publication précise.

Tel le carillon d’une horloge, le spectacle de l’heure propose quant à lui une chorégraphie visuelle de cinq minutes, toutes les heures, depuis le coucher du soleil jusqu’à deux heures du matin. Il est généré par des données massives qui sont liées à quatre grands thèmes : la météo, la circulation, l’actualité (les médias traditionnels) et l’humeur des médias sociaux. Pour le premier thème, une borne météorologique est posée directement sur le pont, permettant de récolter localement des informations sur la direction des vents, la température, l’humidité de l’air, etc. Pour le second, des capteurs comptabilisent le nombre de véhicules empruntant le pont, ainsi que les piéton.ne.s et les cyclistes qui y circulent. Pour sa part, la visualisation de l’actualité est générée à partir d’une recension, mise à jour pour chacun des spectacles, des contenus de la majorité des médias canadiens. Ces contenus sont classifiés selon sept catégories (environnement, technologie, affaires, société, arts, institutions et sports), elles-mêmes associées à une couleur. Les modulations de ce segment sont déterminées par la quantité d’articles publiés dans chacune des catégories et le « sentiment » plutôt « positif » ou « négatif » qui s’en dégage. Enfin, le dernier thème est alimenté par les interactions qui ont lieu sur Twitter, suivant le postulat que les échanges en ligne relaient les états d’âme de la ville – la joie ressentie lors d’une victoire de l’équipe professionnelle de hockey les Canadiens de Montréal ou encore la frustration engendrée par la congestion automobile.

Vidéo de présentation de Connexions vivantes (31s)

Crédits : Société des Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée

Source

Proposé par auteur le 2020-09-22

L’approche de l’interactivité privilégiée dans le spectacle de l’heure n’implique donc pas que les gens effectuent un geste précis dans l’intention qu’il affecte l’illumination. Au contraire, lors d’un entretien réalisé le 13 avril 2018, Roger Parent, dont le studio RéalisationsEn 2020, le studio Réalisations a été renommé Thinkwell Studio Montréal. Accéder au site archivé du studio Réalisations.

était responsable de l’utilisation des données massives au sein du projet, me confirme que l’objectif était de mettre en place un système qui puisse extraire de façon autonome du quotidien des citoyen.ne.s des informations qui permettent aux jeux de lumière de se renouveler continuellement et d’exprimer la vie de Montréal. D’ailleurs, cette dimension technologique de Connexions vivantes est tant mise en avant par ses principaux promoteurs que l’on peut s’étonner d’apprendre qu’elle ne figurait pas dans la commande initiale et que certaines réticences l’ont même accueillie lors de ses premières formulations. Le concept final repose cependant entièrement sur la visualisation des données massives, l’interactivité et la réinvention permanente des images animées qu’elles suscitent.

En somme, le spectacle de l’heure n’invite pas à réaliser une action précise, mais presque tous les événements qui surviennent sur le territoire montréalais sont susceptibles de l’influencer d’une manière ou d’une autre, que les principales personnes impliquées le désirent ou non. À cet égard, le titre Connexions vivantes suggère cette autonomie de la technologie et le caractère vampirique de l’intervention. Il évoque un dispositif doté de sa propre énergie, mais se nourrissant de la vitalité de son milieu. Maître de son évolution constante, il est capable de générer de nouveaux tableaux de manière « virtuellement illimitée » grâce à l’entraînement de ses algorithmesAu sujet de l’autonomie des algorithmes en contexte de création, voir le chapitre « Les œuvres textuelles générées par intelligence artificielle au sein d’une condition hyperconnectée » de Tom Lebrun.

. En effet, afin de proposer des séquences lumineuses inédites, ceux-ci digèrent sans relâche un nombre incommensurable de données produites par la « ville intelligente ».

Montréal, ville intelligente et numérique

L’objectif de faire de Montréal « la ville intelligente numéro 1 dans le monde » (Ville de Montréal 2014, 4) est officialisé en 2014 avec la création, par l’administration du maire Denis Coderre, du Bureau de la ville intelligente et numérique (BVIN). Bien que cette structure ait depuis été rebaptisée Laboratoire de l’innovation urbaine de MontréalConsulter le site du Laboratoire de l’innovation urbaine de Montréal.

par l’équipe de la mairesse Valérie Plante (Ville de Montréal 2018), ce changement d’appellation n’a toujours pas engendré de modification notoire aux discours et aux pratiques de la Ville de Montréal concernant les technologies de l’information et de la communication, et, par souci de clarté, je continuerai donc de me référer au BVIN dans ce texte. Lors de sa fondation, celui-ci est présenté comme une initiative misant sur l’expertise locale déjà existante en innovation technologique, qu’il suffirait de stimuler et de promouvoir pour que la métropole québécoise devienne un leader mondial dans le domaine. Alors qu’il existe plusieurs définitions et compréhensions de ce qu’est une « ville intelligente », voici celle qui est retenue :

Les villes intelligentes devraient être perçues comme des systèmes de personnes qui interagissent avec et à l’aide de flux d’énergie, de matériaux, de services et de financement, afin de catalyser le développement économique durable, la résilience et une qualité de vie élevée. Ces flux d’énergie et d’interactions deviennent intelligents grâce à une utilisation stratégique de l’information, de l’infrastructure communicationnelle et des services, dans le cadre d’un processus de planification et de gestion urbaine transparent répondant aux besoins sociaux et économiques d’une société (Ville de Montréal 2014, 11).

A priori, il est difficile d’être en désaccord avec cette présentation qui demeure assez large, mais à quel type de gestes concrets conduit-elle exactement ? Après trois années d’existence, le BVIN avait notamment accompagné une refonte de la Politique de données ouvertes de la Ville de Montréal (2016), le développement de l’application INFO-Neige MTL, qui fournit en temps réel des informations sur les chargements de la neigeVoir la démonstration en vidéo de l’application Info-Neige MTL par la Ville de Montréal :

, et le déploiement d’un réseau public et gratuit de wifi dans le Vieux-Montréal. Les réalisations du BVIN sont généralement valorisées pour leurs répercussions positives sur le développement économique et le rayonnement de Montréal, mais également sur la qualité de vie des citoyen.ne.s, ainsi que sur leur participation à la vie démocratique grâce au numérique (Ville de Montréal 2017).

Pour mieux saisir ce qui est en jeu, prenons un pas de recul pour examiner l’origine du concept de ville intelligente et certaines des critiques qui lui sont adressées. Au même titre que les brandings de « ville créative » ou de « métropole culturelle », il s’inscrit dans un contexte de compétition interurbaine qui est né de la vague de désindustrialisation qui a frappé les villes occidentales au cours des années 1970 (Evans 2003). Il répond donc à une logique de distinction et de classement fondée sur l’établissement d’indicateurs quantitatifs qui permettent de comparer les villes entre elles et d’établir lesquelles sont les plus performantes (Attour and Rallet 2014 ; Deakin 2012 ; Kourtit, Nijkamp, and Arribas 2012 ; Vanolo 2014). Selon cette logique, de bons résultats lors de ces évaluations sont non seulement garants de la vitalité économique d’une agglomération et de son attractivité pour les entreprises, mais aussi, par association, du bien-être de sa population et de sa valeur touristique (Deakin 2012 ; Kourtit, Nijkamp, and Arribas 2012). Selon Alberto Vanolo (2014), ce système de classification pose toutefois de nombreux problèmes, dont le risque d’entraîner les municipalités à adapter leurs politiques afin de mieux correspondre aux attentes des examinateurs externes, au détriment des besoins réels de la communauté. À travers le filtre de la « ville intelligente », les six caractéristiques ou secteurs suivants sont à privilégier : smart economy, smart people, smart governance, smart living, smart environment, smart mobility (Giffenger et al. 2007).

Parmi les critiques formulées à l’égard de cette approche de l’urbain se trouve celle de son accointance avec le privé. Rob Kitchin (2014 , 2015) souligne en effet que le concept de ville intelligente est imprégné d’un esprit néolibéral qui encourage la dérégulation sous prétexte de stimuler l’innovation, de même que la privatisation de nombreux secteurs de la société, puisque les solutions technologiques choisies par les administrations publiques demeurent offertes principalement par de grandes entreprises telles que IBM, Microsoft, Intel, etc. Il s’ensuit le risque d’un « technological lock-in », c’est-à-dire la dépendance aux infrastructures et aux plateformes offertes par un seul acteur privé, dont la raison d’être demeure le profit plutôt que le bien commun, qui dispose alors d’un précieux monopole (Kitchin 2014, 10). Un second ordre de critiques concerne le rôle conféré aux habitant.e.s de la ville qui se doivent désormais d’être smart et dont on attend une implication active. Cette vision « augmentée » de la participation citoyenne laisse néanmoins à l’écart les personnes qui ne sont pas habituées à l’informatique, celles qui n’ont pas les moyens de posséder un appareil mobile et toutes celles qui sont déjà marginalisées par les politiques publiques (Vanolo 2014, 893). L’individu « intelligent » rêvé, celui qui se géolocalise constamment, participe à des hackathons et partage sur les réseaux sociaux tout l’amour qu’il porte à son milieu de vie, ne correspond en réalité qu’à une mince frange de la population.

Ces critiques invitent à la précaution et à nuancer le bilan positif du BVIN, en plus de remettre en question la croyance selon laquelle la gouvernance intelligente sert forcément une vie démocratique plus saine. D’ailleurs, dans une recherche que Joëlle Gélinas (2017, 101–2) a réalisée sur les « assises idéologiques » et les « représentations de la démocratie » véhiculées par les discours portant sur l’appropriation montréalaise du concept de ville intelligente, son analyse l’amène à conclure que « les formes de régulations sociales et d’organisation politique promues dans le discours lié à la “ville intelligente et numérique” reposent sur la réification des dimensions économique et technologique ; ces dernières étant posées comme faits sociaux sur lesquels aucune emprise politique n’est possible. »

La « ville intelligente » et l’objectivité contestée des données massives

Au cœur du fonctionnement de la gouvernance intelligente se trouve la notion de donnée, qui repose sur le postulat que « [l]e monde contient autant d’informations que nous le souhaitons » (Delort 2015, 10). Cette notion se réfère donc au « phénomène de traduction, ou plutôt de transcription du monde physique et de ses habitants » sous une forme métabolisable par les systèmes informatiques (Rouvroy 2016, 5). Lorsqu’un très large volume de données est traité à grande vitesse par l’intermédiaire d’une solution logicielle, nous parlons de données massives – il est courant de les définir selon le principe des 3V : volume, variété et vélocité. Dès lors, ce n’est plus la qualité de chaque donnée, ou sa densité en information, qui importe, mais la quantité, les nombreuses autres données avec lesquelles elle peut être corrélée (Delort 2015 ; Rouvroy 2016 ; Rouvroy and Berns 2013). De surcroît, cet exercice de mise en relation et d’interprétation d’un ensemble démesuré de données, qui peuvent renvoyer à des phénomènes n’ayant rien en commun dans le monde réel, est conduit de manière inductive, c’est-à-dire que les catégories émergent a posteriori des opérations conduites par les algorithmes, plutôt qu’en amont du travail d’analyse, comme dans les méthodes classiques de statistique.

Cette approche inductive explique en partie que les données massives soient souvent conçues comme un apport positif à l’établissement d’une société plus démocratique, car elle est perçue comme un vecteur de neutralité et de rationalité, l’absence d’intervention humaine devant être garante de l’absence d’idéologie. Il s’agit d’une présupposition qui s’accompagne cependant d’importantes conséquences politiques puisqu’elle ouvre sur l’idée que :

« gouverner par les données » serait une manière de gouverner « objectivement », la perception étant que le sens produit par l’analyse des données, conçues comme purs signaux émanant directement du monde en temps réel, ne serait plus construit socialement, politiquement, culturellement, mais serait l’équivalent d’un dévoilement automatique, hors langage, du monde par lui-même (Rouvroy 2016, 13).

Or, la quête d’efficacité, de productivité et d’opérationnalité qui caractérise la gouvernance intelligente, loin d’être impartiale, témoigne d’une certaine conception du monde où la notion de vérité se voit supplantée par une recherche « d’objectivité absolue », de sécurité et de certitude (Rouvroy and Stiegler 2015). Plusieurs chercheur.se.s soutiennent également qu’il n’existe rien de tel qu’une donnée brute et neutre (Denis and Pontille 2010 ; Rouvroy and Berns 2013 ; Kitchin 2014 ; Dijck 2014 ; Vanolo 2014). Le choix des aspects de la réalité qui sont convertis en données résulte toujours de contraintes technologiques, financières, légales et éthiques (Kitchin 2014), tandis que le contexte dans lequel on recourt aux données massives constitue en lui-même un cadre interprétatif (Kitchin 2014 ; Dijck 2014). Selon que l’on cherche à influencer les habitudes d’achat des individus, à fluidifier la circulation sur les boulevards ou à repérer dans la population de futurs terroristes, la question à l’origine de l’opération de datamining traduit des intentions qui sont tout sauf objectives. Pour ces raisons, une donnée n’est jamais détachée d’un système de valeurs et elle est toujours située (Kitchin 2014), si bien qu’elle « produit le monde autant qu’elle le décrit » (Denis and Pontille 2010, 73).

En plus des critiques à l’égard du concept de ville intelligente relevées plus haut, l’objectivité qui caractériserait la gouvernance intelligente, débarrassée des lourdeurs de l’idéologie, mérite donc d’être nuancée, et cela pour au moins deux raisons, l’une fonctionnelle et l’autre politique. D’une part, parce que ce concept traduit une approche technocratique de l’urbanisme et, d’autre part, parce que l’idéal démocratique qui est associé aux données ouvertes est trompeur.

La première remarque concerne une approche de la réalité urbaine comme un ensemble quantifiable et mesurable où tout problème est envisagé à l’aune de sa solution technique, ce qui a pour effet de réduire des situations sociales complexes à un défi d’amélioration par l’informatique (Kitchin 2014 ; Vanolo 2014). Par exemple, Attour et Rallet (2014, 261) avancent que la « ville intelligente » comporte l’avantage de « fournir aux individus et aux entreprises des informations permettant d’optimiser leurs comportements », suggérant par là que toutes les sphères de la vie puissent être soumises à une logique de performance. Cet appel à l’optimisation des comportements, en plus de correspondre à un éthos néolibéral (Kitchin,  2014 , 2015), porte en lui le spectre d’un retour de l’urbanisme fonctionnaliste (Denis and Pontille 2010 ; Greenfield 2013 ; Kitchin 2015). Dominante dans les années d’après-guerre, cette doctrine, dont la Charte d’Athènes (Corbusier 1957) était la bible, a été critiquée abondamment dans les années 1960 et 1970, notamment par Jane Jacobs (1961) et Henri Lefebvre (2000, [1974], 2009, [1968]), pour la primauté qu’elle accordait à la circulation et à la production, au détriment des dimensions sociale et politique de l’urbanité. Cette tradition rationaliste où l’efficacité du système est le premier objectif à atteindre se trouve réactivée par la « ville intelligente », mais dans une version technologique, informatisée et augmentée.

La seconde remarque pointe la possibilité que le numérique, par l’entremise des données ouvertes, ne favorise pas autant l’exercice de la démocratie que le veut une idée répandue qui se retrouve notamment dans la Politique de données ouvertes coordonnée par le BVIN. En effet, celle-ci stipule sans ambages que l’accessibilité aux données que la Ville de Montréal (2016, 4) « produit et possède, présente des avantages du point de vue de la transparence de l’administration publique, de la vie démocratique et sociale, du développement économique et de l’efficacité organisationnelle ». Non seulement un fort penchant technocratique transparaît dans cette citation, mais également la croyance selon laquelle la disponibilité des données constitue d’emblée une solution aux enjeux actuels de la démocratie. Toutefois, comme le souligne Gélinas (2017, 67), cette vision de la démocratie la confine à « des actes épars favorisant la participation citoyenne », comme si elle ne s’appliquait qu’à un domaine précis de l’urbanité plutôt qu’à son ensemble. De plus, puisque les données massives (ouvertes ou non) sont inséparables du système informatique qui en extrait des catégories, Rouvroy et Berns (Rouvroy and Berns 2013, 183) affirment que le gouvernement algorithmique « dévalorise la politique (puisqu’il n’y aurait plus à décider, à trancher, dans des situations d’incertitude dès lors que celles-ci sont d’avance désamorcées) ; il dispense des institutions, du débat public ».

La représentation quantitative et abstraite du réel qui est le propre des données massives est aussi insensible aux notions de sujet, d’individu, de communauté ou encore de classe sociale et d’origine ethnique. Si, pour leurs apôtres, cette absence de catégorisations préexistantes apparaît comme une force, elle peut cependant conduire à la reproduction de formes de discrimination et d’inégalités sociales robustes – notamment entre les hommes et les femmes ou entre différentes confessions religieuses – puisque c’est à partir des traces d’activités passées que l’avenir est anticipé, formulé et construit. De surcroît, cette « rationalité immanente » des données massives, où les profils et les prédictions semblent jaillir du monde lui-même, échappe à toute possibilité de contestation, car c’est dorénavant l’algorithme qui formule les décisions à prendre. Il s’ensuit un déclin de la responsabilité des personnes (Rouvroy 2016) et, pourrait-on dire, un abandon de la volonté de gouverner (Rouvroy and Berns 2013).

Entre la transparence et l’opacité de Connexions vivantes

Tandis que les uns célèbrent le pouvoir des données massives de « rendre visible l’invisible » (Lohr 2015, 7), Rouvroy décrit au contraire le travail de l’algorithme d’apprentissage automatique comme une boîte noire. Effectivement, même à supposer que les données soient véritablement transparentes et neutres, ce qui a déjà été infirmé, l’analyse conduite par l’algorithme demeure complètement opaque : « on sait ce qui “entre” d’un côté, on constate ce qui sort de l’autre côté, mais on ne sait pas ce qui se passe entre les deux » (Rouvroy 2016, 13). Outre que le fonctionnement de l’algorithme nous échappe, la collecte perpétuelle et en temps réel des données empêche aussi toute opération de validation. Les conditions dans lesquelles une analyse a été menée ne peuvent jamais être reproduites ni testées puisque le lot de données impliqué mue constamment. C’est entre autres pour cette raison que José van Dijck (2014) souligne que la présence dans nos vies des données massives repose sur un acte de foi. Accepter de remettre notre destinée entre leurs mains implique d’avoir une confiance aveugle en elles, en leurs mécanismes et, surtout, envers les acteurs (institutions publiques, entreprises privées, chercheur.se.s) qui y ont recours.

Cette absence de doute teinte les discours entourant Connexions vivantes, comme en témoigne cet extrait du site internet de Moment Factory :

Pour la première fois dans le monde, l’installation est alimentée à la fois par les médias sociaux en temps réel et les données de ville intelligente recueillies à travers Montréal. Activé et rythmé par les millions de connexions humaines de la ville, le pont représente le pouls de Montréal. Un symbole rassembleur, miroir de la vitalité montréalaise.

En plus de suggérer que l’illumination monumentale est un reflet exact de ce qu’est Montréal, ces quelques lignes offrent une vision non problématisée des données massives. Elles réitèrent une représentation de la ville comme un tout homogène, exempt d’antagonismes ou d’inégalités, grâce à la simple existence de la connexion. La dimension technique supplante toutes les autres – politique, sociale, affective, etc. Nonobstant les limites maintes fois démontrées d’une gestion technocratique de la cité, la « ville intelligente » s’affirme désormais comme un discours hégémonique (Kitchin 2015, 132) que la mise en lumière du pont Jacques-Cartier contribue à spatialiser, à rendre ostentatoirement visible.

L’hypothèse selon laquelle Connexions vivantes participe d’une réification des données massives émane de l’identification, dans les discours portant sur la « ville intelligente », d’une forme de prédétermination qui n’a rien à envier aux mythes anciens. D’après le récit qui se met actuellement en place, la numérisation du réel est un fait consensuel, forcément souhaitable. Le monde doit être numérisé, à un point tel qu’il se numérise et s’analyse lui-même. De plus, malgré la fin annoncée des grands récits (Lyotard, 1979 , 1986), la séduction de la notion de progrès semble toujours à l’œuvre dans l’inlassable célébration de l’innovation. La proposition d’une réification des données propre à ce début de XXIe siècle est d’ailleurs corroborée par l’émergence de réflexions portant sur ce que l’on nomme désormais le « dataïsme », c’est-à-dire une nouvelle croyance séculière tournée vers les données (Lohr 2015 ; Dijck 2014).

Dans ce contexte, il me semble que les images que Connexions vivantes projette sur le fleuve Saint-Laurent et au-dessus de lui, peuvent être interprétées comme une manifestation sensible de cette croyance et comme un discours visuel qui participe à la légitimer. Elles symbolisent une force mystérieuse – les données massives et les algorithmes d’apprentissage automatique – qui agit selon une logique qui échappe au commun des mortels et possède le pouvoir de transfigurer la réalité urbaine. Le dispositif de visualisation de données s’affirme alors comme une « machine à conviction » (Citton 2010) qui met en jeu une tension entre le rationnel et l’irrationnel, entre une prétention à révéler le monde grâce au présumé double statistique du réel que sont les données massives et au secret complet entourant leur fonctionnement.

Le soupçon que j’introduis à l’égard de la transparence du dispositif mérite toutefois d’être contrebalancé par une réflexion sur ce qu’il donne à voir. En effet, la question de la révélation se pose à deux moments distincts dans Connexions vivantes : une première fois au sujet de la représentation exacte des phénomènes du monde que les données massives convoient et qui a déjà été largement discutée, mais également une seconde fois dans la visualisation des données que la lumière relaie sur la « peau » de la structure d’acier. À quel point la visualisation est-elle fidèle au volume d’informations traité par le système lors du spectacle de l’heure ? Ce spectacle permet-il à celles et ceux qui l’observent de comprendre les thèmes qui le structurent et de bel et bien mieux connaître la vie de Montréal ?

S’interroger à ce sujet oblige à remettre en question la vieille méfiance platonicienne à l’égard des illusions d’optique. En effet, au nom de la rationalité, une association tenace entre lumière et vérité a engendré dans le monde occidental une longue tradition de rejet des effets visuels qui tordent la réalité, niant à la fois le plaisir qu’ils peuvent apporter au public et la capacité de celui-ci à discerner la tromperie. Or, comme le souligne le philosophe Jacques Rancière (2008, 18), l’idée selon laquelle « regarder veut dire se complaire à l’image et à l’apparence en ignorant la vérité qui est derrière l’image » exprime d’abord une volonté de hiérarchiser les capacités de chacun.e, un « partage du sensible » où certaines personnes apparaissent mieux placées que d’autres pour « savoir ». Le théoricien de l’histoire des images lumineuses Tom Gunning (2003) réhabilite également la dimension politique des jeux de perception en soulignant que l’instabilité qui les caractérise constitue une marge de manœuvre, une remise en cause de l’autorité qui permet la formulation de nouvelles interprétations de la réalité. Ainsi, il n’est peut-être pas si important que la chorégraphie lumineuse de Connexions vivantes permette de tirer des conclusions claires quant à la teneur particulière de chaque journée vécue par les Montréalais.es. Elle peut plaire en tant que motif abstrait, sans apprendre quoi que ce soit à qui la contemple. De plus, malgré tout l’arsenal discursif qui valorise la contribution des données massives à la gouvernance urbaine et à l’aspect féerique de l’illumination, il convient de redonner de l’agentivité aux individus qui composent son public. Ces derniers ne sont pas forcément dupes du récit qui leur est raconté. Ils peuvent tout à fait être curieux de ce qu’ils voient et l’apprécier, mais ne pas accorder leur croyance aux promesses de la « ville intelligente et numérique ».

Le scintillement du pont Jacques-Cartier est-il beau ? Offre-t-il un portrait juste de Montréal et de sa population ? Ce n’est pas à moi de répondre à ces questions si l’on considère que n’importe qui est apte à évaluer la proposition à partir des critères esthétiques et politiques qu’il estime pertinents. Toutefois, il me semble important de rappeler le contexte économique dans lequel le projet de Moment Factory s’inscrit, soit la compétition qui fait de diverses villes à travers le monde des concurrentes qui doivent redoubler d’efforts pour attirer l’attention de même que les capitaux. Cela conduit à une soumission de toutes les dimensions de l’expérience urbaine à des conceptions de performance et de productivité, jusqu’à la formulation du projet collectif dont on peut douter qu’il mette véritablement en priorité le bien-être des gens.

Contenus additionnels

Présentation du projet Connexions vivantes sur le site de Moment Factory

Crédits : Moment Factory

Source (archive)

Proposé par auteur le 2020-09-22

Références

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Josianne Poirier

Josianne Poirier détient une maîtrise en études urbaines et un doctorat en histoire de l’art. Ses recherches abordent principalement les pratiques artistiques dans les espaces publics et les politiques culturelles municipales. Portant sur la fantasmagorie des lumières de la ville, sa thèse a remporté le prix Jean-Pierre-Collin 2018 du réseau Villes Régions Monde. Elle est chargée de cours à l’UQAM et agit comme spécialiste pour la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement du gouvernement du Québec.